lundi 26 décembre 2016

Gilles Milo-Vacéri - Les moissons perdues


Editions du 38 - format numérique

5 juillet 1914, sept jours après l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand à Sarajevo, Julien de Saint sort premier de sa promotion de Saint-Cyr, son grade de lieutenant à l'épaule.

Libéré en attendant son affectation, il part rejoindre les siens dans le petit village de Coulmiers, situé près d'Orléans.

André, son grand-père, ancien combattant de 1870, faisait partie des glorieux vainqueurs de la bataille décisive de Coulmiers et avait décidé d'y acheter une petite ferme qu'il avait faite prospérer et transmise à son fils Henri.

A Coulmiers, Julien va bien-sûr retrouver ses père et grand-père, tellement fiers de leur militaire, même s'ils ont peu l'habitude des transports, mais aussi Louis, son petit frère, qui accuse un léger retard mental après une naissance difficile qui les a laissés orphelins de mère. Et Julien est aussi heureux à la perspective de revoir Alexandre et Eugénie, ses amis d'enfance, amoureux depuis toujours. Il aura également la surprise de voir à quel point Camille, la petite sœur d'Eugénie a bien changé par rapport à la petite fille dont Julien se souvient.

Ensemble, les villageois vont attendre l'inévitable conflit pour lequel le monde entier retient son souffle en ce pluvieux été 1914, tout en vivant une série d'événements locaux dramatiques qui les toucheront de très près et sur lesquels Julien ne pourra s'empêcher de mener l'enquête, allant jusqu'à quasiment houspiller les gendarmes.

C'est ensuite le début de l'engagement de la France dans le conflit. Affecté au commandement d'un régiment de la Légion étrangère, Julien va devoir faire ses preuves et se faire accepter par ses hommes qui ont déjà tellement plus d'expérience de terrain que lui, fraîchement émoulu de l'école militaire.

Son courage exemplaire dans les tranchées lui vaudra nombre de récompenses et de louanges, aussi bien de sa hiérarchie que des hommes de terrain, mais aussi d'être grièvement blessé, laissé pour mort, et fait prisonnier par les Allemands.

Emmené dans une ferme du Tyrol, pour y accomplir des travaux forcés, Julien garde en tête une idée fixe: s'évader à tout prix, mais cela ne se fera pas sans peine, il en est conscient.

Quand, finalement, Julien parviendra à rejoindre son village natal, plus rien ne sera pareil. Ni lui, ni les siens n'auront été épargnés par cette guerre qui a bouleversé l'Europe en ce début du 20e siècle.

Quatre ans de tourmente à travers les yeux d'un courageux et honorable jeune homme: la guerre des tranchées, à laquelle viennent s'ajouter des événements traumatisants sur le plan personnel.

En quatre ans, Julien aura presque vécu une vie entière, mêlée d'un peu de bonheur, mais surtout de tragédies.

Comme à son habitude, Gilles Milo-Vacéri nous dépeint un héros complexe, mais pour lequel l'honneur est la qualité principale, ce qui régit sa vie et ce pour quoi il est prêt à la perdre.

Sur le plan de ma culture générale, j'ai lu peu de récits sur la première guerre mondiale. J'ai donc découvert un peu de ce qui devait constituer le quotidien des soldats dans les tranchées et un peu sur les conséquences de ce conflit dans les campagnes françaises.

Quant au style de l'auteur, il nous entraîne aussitôt dans le cœur du récit. On en oublie qu'on lit, on plonge aux côtés des personnages et on occulte ce qui nous entoure, jusqu'au point final, qui nous laisse sur notre faim, tellement on a envie de continuer à vivre aux côtés de ceux qui nous ont fait vibrer.

Par ailleurs, l'expérience de l'écrivain dans les forces armées se sent dans certaines descriptions et ne fait qu'ajouter de la véracité au récit.

Site de l'éditeur: https://www.editionsdu38.com/
Blog de l'auteur: http://www.milovaceri.com/

samedi 12 novembre 2016

Romain Sardou - Personne n'y échappera

Editions Pocket
416 pages
Dans un chantier d'autoroute du New Hampshire, 24 cadavres sont découverts, une balle en plein cœur, pas de trace de lutte. 

Sheridan, Chef de la police locale, se doute que l'affaire sera compliquée, d'autant qu'aucun corps ne correspond à un signalement de disparition récent. 

Il mène l'enquête tous azimuts, quand le FBI débarque, reprend toutes les recherches et scelle tous les indices accumulés.

Pendant ce temps, un jeune professeur de littérature, qui a eu son petit succès par un ouvrage d'analyse de divers auteurs, prend ses fonctions dans une étrange université toute proche.

Au fil de l'ouvrage, les liens se tissent entre ces protagonistes, avec, aussi, un auteur en mal de reconnaissance, dont l'oeuvre semble le seul point commun des 24 victimes.

Une enquête prenante, des meurtres machiavéliques, des alibis en béton et un final... inattendu, grandiose.

Un excellent thriller qui m'a réconciliée avec son auteur. Je m'étais égarée dans son policier médiéval Pardonnez nos offenses.

vendredi 11 novembre 2016

Gilles Milo-Vacéri - L'Affaire Aurore S.

Editions du 38
Lu au format Kindle
Grégoire Mercier, écrivain, quitte tout, son logement, sa Provence bien aimée, pour s'installer dans la Région parisienne, où vit l'amour de sa vie.

Le jour où Aurore doit le rejoindre définitivement, un simple mail lui apprend qu'elle ne viendra pas. Elle disparaît ensuite complètement de la circulation. Plus aucun contact ne semble possible.

Pendant ce temps, un meurtrier en série sévit en forêt de Rambouillet, assassinant sauvagement de jeunes femmes blondes.

Tombant par hasard sur un dossier de la Capitaine de police Sandrine Wermer, en charge de l'enquête, Greg réalise qu'Aurore S. est l'une des victimes de "la Bête de Rambouillet".

Il voit alors rouge, perdant tout espoir de retrouver son amour, et, ancien membre des forces armées, Greg commence à traquer celui qui lui a pris sa principale raison de vivre.

Une enquête policière prenante, une histoire d'amour intense, dont on veut connaître le dénouement.

Gilles Milo-Vacéri garde ce style si fluide, qui se lit si facilement, qu'on oublie qu'on est dans un livre et qu'on lit le dernier mot sans comprendre comment on y est arrivé.

Un intrigue dont on ne fait qu'une bouchée.

mercredi 10 août 2016

Franco Meggetto - La Fille du Triangle - crime en pays carolo


Editions du Basson
251 pages
Bruno Bianchi, Inspecteur principal à la Section homicide de la police locale de Charleroi est appelé pour se rendre sur le lieu d'un crime.

Une fille a été retrouvée morte dans une chambre d'un immeuble de la rue Desandrouins, dans le quartier appelé "Le Triangle de la prostitution" de la Ville.


L'enquête est confiée à Bruno, aidé de son collègue Cuvelier, car la police fédérale est actuellement en sous effectif. Une sacrée pression pour l'inspecteur: malgré le soutien de la jolie juge d'instruction Chevalier, la résolution de ce meurtre va s'avérer compliquée et il n'a pas droit à l'erreur.


Une recherche de la vérité qui va le confronter à la misère de ces filles venues des pays de l'Est et aux mœurs douteuses du quartier le plus chaud de sa Ville natale, et le balader entre la clientèle, les autres filles, le maquereau de la belle et meme ses collègues de la brigade des mœurs.


Qui a tué la douce Irina dont tout le monde ne dit que du bien?


Quel régal!


Moi qui ai, au départ, acheté le livre surtout pour le plaisir de revisiter ma ville natale à travers les yeux d'un concitoyen, j'ai vraiment été agréablement surprise par la qualité de cet ouvrage.


Un très bon policier qui m'a quand-même permis de voyager dans des lieux connus, ce qui n'a fait que rajouter à l'agrément de cette lecture.


L'auteur, ancien chroniqueur judiciaire, s'occupant aujourd'hui de la communication de la police locale, maîtrise bien son sujet et on sent sa
tendresse pour le "Pays noir" et pour ses habitants.

Je ne sais si une nouvelle enquête de l'Inspecteur principal Bianchi est prévue, mais, si c'est le cas, je serai sur la balle.



NB: un petit extrait, pour les Carolorégiens qui me liront "Charleroi n'avait plus beaucoup de lieux mythiques mais le Nautilus résistait encore et toujours, [...]. Le vendredi, et jusqu'au bout de la nuit, le Nauti était the place to be..."

lundi 1 août 2016

Mineur au fusain

Samedi soir, toute ma petite famille était devant la télé, à regarder Fort Boyard. J'ai enfin ressorti mon papier à dessin et mes fusains...


samedi 4 juin 2016

Jardin d'Eden

Inspiré par mon fils Adam et son copain Éden.

Ca se voit qu'il y a longtemps que je n'avais plus touché de pinceau :-(

Je ne sais pas si je vais m'obstiner...

entraînement aquarelle...

jeudi 5 mai 2016

Franck Thilliez - Fractures

Editions France Loisirs - 456 pages


Alice Dehaene, 25 ans, suit une thérapie avec le psychiatre Luc Graham depuis un an. Elle a des "trous noirs" qui durent parfois plusieurs jours, durant lesquels elle n'a aucun souvenir. Le Docteur Graham est enfin prêt à lui dévoiler ce qu'ont révélé toutes ces séances, quand tout s'accélère.

Comment un réfugié clandestin peut-il être en possession d'une photo récente de sa sœur jumelle, Dorothée, décédée depuis 10 ans?
D'où vient le chemisier ensanglanté qu'elle découvre dans sa douche?
Quels sont les éléments qui déclenchent ses trous noirs? Et pourquoi?

Alice, le docteur Graham et l'assistante sociale en psychiatrie Julie Roqueval vont enquêter chacun de leur côté. 

D'autant que Claude Dehaene, père d'Alice, est admis aux urgences, prétendant avoir tenté de se suicider de deux coups de couteau dans la poitrine, qu'un homme catatonique, souffrant visiblement de malnutrition, est découvert dans un abribus et que tous ces événements semblent liés, d'une manière ou d'une autre.

Qui sont les monstres dans l'histoire? Qui sont les véritables victimes? Chaque protagoniste a des choses à cacher, consciemment ou pas, et quand le lecteur pense avoir démêlé l'énigme, de nouveaux nœuds se forment.

Oppressant à souhait, un très bon thriller, aux nombreux rebondissements.

Après 2 ou 3 mois de pause, je reprends ma participation au Challenge 1 pavé par mois de Bianca, du blog deslivresdeslivres





lundi 2 mai 2016

Antoine Bello - Roman américain

Editions Folio - 325 pages
Vlad Esinger est journaliste pour le Wall Street Tribune. Dan Siver est un auteur cherchant le succès. 
Pendant que Vlad publie une série d'articles sur le Life settlement (rachat d'assurances-vie en viager) et toutes les pratiques douteuses qui y sont liées, grâce à des enquêtes menées en Floride, à Destin Terrace, parmi les assureurs, racheteurs, courtiers, etc., Dan observe de l'intérieur, depuis sa propre maison de Destin, les réactions et agissements des différents acteurs de cette nouvelle forme de transaction. 

On est agréablement surpris par cette forme de narration originale. Entre les articles objectifs du journaliste, le journal intime de l'auteur et leurs échanges par e-mails, mêlés d'anagrammes de noms d'écrivains célèbres, on obtient un mélange de genres intéressant.

Le sujet, en lui-même, éveille l'intérêt du lecteur, notamment sur l'aspect éthique de ce "pari sur la mort", révélant ce monde de la finance aux dents longues, presque sans âme, et ses victimes, pas toujours si innocentes d'ailleurs, chacun cherchant à tirer son épingle du jeu. 

Ce n'est pas un livre qui vous réconciliera avec le genre humain, ça c'est certain.

Un roman sur un sujet relativement grave, donc, mais qui ne manque pas d'humour et dont la chute oblige le lecteur à faire fonctionner ses neurones pour comprendre le fin mot de l'histoire.

samedi 23 avril 2016

Laura Kasischke - Esprit d'hiver

Le Livre de Poche - 302 pages

C'est le matin de Noël, Holly se réveille stressée et en retard. Etrange que Tatiana ne soit pas venue les réveiller, Eric et elle, comme à chaque Noël. Mais Tatty dort paisiblement. Il faut dire que, depuis quelque temps, rien n'est plus pareil avec cette adolescente de 15 ans...

Au fil de la matinée, le blizzard se lève et les invités se décommandent l'un après l'autre. Holly et Tatiana se retrouvent seules, enfermées. Le comportement de l'adolescente va se révéler inquiétant. Des appels anonymes vont se succéder. Et les souvenirs de l'adoption de sa fille, en Sibérie, 13 ans auparavant, vont affluer dans l'esprit de Holly, avec cette intuition nouvelle et lancinante  que "quelque chose les a suivis de Russie"


Quel huis-clos efficace! On se plonge dans l'histoire de cette famille adoptive, heureuse jusque là, et on cherche à comprendre où se situe le problème. Est-ce dans l'esprit de Holly, dans celui de Tatiana que quelque chose s'est dérangé? Quelle est cette chose qui les aurait suivis de Russie, 13 ans auparavant?

Le questionnement nous suit tout au long du récit de cette étrange journée... jusqu'à la conclusion... inattendue.

Ce roman, relativement court, se révèle diablement efficace. Lu d'une traite, en une soirée. Une nouvelle auteure découverte et dont les autres titres entrent immédiatement dans ma liste de souhaits.

samedi 9 avril 2016

Le Petit Chaperon rouge



"[...]En passant dans un bois, elle rencontra compère le Loup, qui eut bien envie de la manger ; mais il n’osa, à cause de quelques bûcherons qui étaient dans la forêt. Il lui demanda où elle allait. La pauvre enfant, qui ne savait pas qu’il était dangereux de s’arrêter à écouter un loup, lui dit : Je vais voir ma mère-grand, et lui porter une galette, avec un petit pot de beurre, que ma mère lui envoie.[…]" Charles Perrault

J’ai bloqué sur la lettre G de mon abécédaire. Après 3 essais pour lesquels je n’étais pas satisfaite, j’ai un peu laissé tomber.

Me voilà donc repartie à la recherche d’une inspiration.

Ma fille aime lire avec moi des contes traditionnels le soir, comme je le faisais quand j’étais petite.

 Je suis donc partie sur le petit chaperon rouge de Perrault... d'autres suivront

dimanche 24 janvier 2016

Entraînement à l'aquarelle... abécédaire

Voici donc mes toutes premières aquarelles, dans le cadre de mon apprentissage. On peut constater que de nombreux progrès restent à faire, mais j'aime beaucoup l'activité, ça me détend.

Vous constaterez que je ne suis pas arrivée bien loin dans l'alphabet... à poursuivre, donc...


A comme Abeille, Acacia, Ane


B comme Babouin, Bananier, Boa


C comme Colibri, Coquelicot, Cygne


D comme Dauphin, Dodo, ... dahlia? (oui, bon...)


E comme un Ecureuil et un Epervier sur un Epicéa


F comme Furet, Faisan, Forsythia

samedi 9 janvier 2016

Joël Dicker - La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert

Editions de Fallois - 670 pages

Quatrième de couverture

A New York, au printemps 2008, alors que l'Amérique bruisse des prémices de l'élection présidentielle, Marcus Goldman, jeune écrivain à succès est dans la tourmente: il est incapable d'écrire un nouveau roman qu'il doit remettre à son éditeur d'ici quelques mois.

Le délai est près d'expirer quand soudain tout bascule pour lui: son ami et ancien professeur d'université, Harry Quebert, l'un des écrivains les plus respectés du pays est rattrapé par son passé et se retrouve accusé d'avoir assassiné, en 1975, Nola Kellergan, une jeune fille de 15 ans, avec qui il aurait eu une liaison.

Convaincu de l'innocence de Harry, Marcus abandonne tout pour se rendre dans le New Hampshire et mener son enquête. Il est rapidement dépassé par les événements: l'enquête s'enfonce et il fait l'objet de menaces. Pour innocenter Harry et sauver sa carrière d'écrivain, il doit absolument répondre à trois questions: Qui a tué Nola Kellergan? Que s'est-il passé dans le New Hampshire à l'été 1975? Et comment écrit-on un roman à succès?

Sous ses airs de thriller à l'américaine, La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert est une réflexion sur l'Amérique, sur les travers de la société moderne, sur la littérature et sur les médias.

Une enquête prenante. Une fois happé, on ne peut plus s'arrêter tellement on veut connaître le fin mot de l'histoire. Le début est un peu long, il faut s'accrocher, mais, plus loin dans le livre, on ne regrette pas l'effort.

Diverses possibilités sont exploitées, on y croit, on suit le cheminement, on abandonne des pistes, et, à la fin, on est de toute manière surpris...

Originalité d'écriture: l'auteur utilise des styles différents, selon le narrateur, selon l'époque, selon le mode de communication (retranscription de conversation, cours de l'histoire, parties de romans).

vendredi 8 janvier 2016

Iny Lorentz - La Catin

Editions Pocket - 512 pages

Quatrième de couverture

A la veille de son mariage, rien ne prépare Marie au cataclysme qui va s'abattre sur son existence. Dans cette Allemagne du XVe siècle, sa beauté, sa chasteté et sa dot la promettent au meilleur des partis. Ce sera Maître Ruppertus Splendidus, jeune et brillant avocat qui a l'oreille des puissants. 

Mais quand Marie est calomniée, jetée en prison puis violée, le conte de fées tourne soudain au cauchemar... 

Jugée sommairement puis bannie, elle n'a d'autre solution pour survivre que de rejoindre un groupe de prostituées itinérantes. Rejetée avec ses compagnes d'infortune au ban de la société, Marie a cependant un atout qui l'aidera à surmonter toutes les épreuves: en elle, brûle le feu de la vengeance...

Intrigues entre grands de ce monde, souffrance de ceux qu'ils utilisent comme des pions pour asseoir leur pouvoir. Ce roman se déroule au moment du Concile de Constance. On y voit les prémices du protestantisme, avant l'arrivée de Luther.

J'ai apprécié qu'en épilogue, l'auteur replace le réel contexte historique, après avoir décrit les événements au travers des yeux des personnages fictifs.

Un livre qui se lit donc facilement. On a hâte de savoir si Marie parviendra à ses fins, à savoir venger son honneur bafoué, et comment elle y parviendra.

Je lirai les deux autres tomes sans hésiter.

jeudi 7 janvier 2016

Guy de Maupassant - Une Vie

La Bibliothèque du Soir

Nous rencontrons Jeanne à la sortie du couvent. On est en 1819. Son père est Baron mais disciple de Rousseau, "aristocrate de naissance, il haïssait par instinct quatre-vingt-treize (ndlr: la Terreur); mais, philosophe par tempérament et libéral par éducation, il exécrait la tyrannie d'une haine inoffensive et déclamatoire."

Jeanne a passé 5 ans au couvent pour parfaire son éducation et en est enfin sortie. Elle ne rêve que de découvrir la vie, en commençant par partir au manoir qui lui reviendra, dans sa chère campagne normande et au bord de la mer. Elle rêve du grand amour, à celui qui partagera sa vie.

Elle n'est cependant pas du tout préparée à la vraie vie et elle va peu à peu en découvrir les revers.

Le roman aborde l'infidélité, comme une chose normale, que traverserait chaque couple… on va dire au début du 19e siècle… :-)

Il montre que l'honnêteté et la droiture ne suffisent pas à rendre quelqu'un heureux, voire l'isolent:  "... Cette sensation de vide, de mépris pour les hommes, elle la sentait grandir, l'envelopper; et chaque jour les petites nouvelles du pays lui jetaient à l'âme un dégoût plus grand, une plus haute mésestime des êtres."

L'auteur parle de mauvais choix de vie mais aussi du fait que, parfois, l'amour parental n'aide en rien les enfants à affronter les aléas de la vie. Bien qu'on souhaite le meilleur pour eux, les choses ne tournent pas forcément comme on les aurait voulues.

J'ai fini le roman en ayant les larmes aux yeux. Je me suis sentie proche de Jeanne pour sa naïveté, pour la déception qui la traversait à chaque fois qu'elle ouvrait les yeux sur de nouvelles découvertes à propos de son entourage.

Il aurait été dommage que je ne lise jamais ce roman.

mercredi 6 janvier 2016

Philippe Claudel - Le rapport de Brodeck

Le Livre de Poche - 384 pages

Commencé un matin, vers 7h, je l'ai refermé le soir, vers 21h.

Quatrième de couverture

Je m'appelle Brodeck et je n'y suis pour rien. Je tiens à le dire. Il faut que tout le monde le sache. Moi je n'ai rien fait, et lorsque j'ai su ce qui venait de se passer, j'aurais aimé ne jamais en parler, ligoter ma mémoire, la tenir bien serrée dans ses liens de façon à ce qu'elle demeure tranquille comme une fouine dans une nasse de fer.

Mais les autres m'ont forcé: "Toi, tu sais écrire,  m'ont-ils dit, tu as fait des études." J'ai répondu que c'étaient de toutes petites études, des études même pas terminées d'ailleurs, et qui ne m'ont pas laissé un grand souvenir. Ils n'ont rien voulu savoir: "Tu sais écrire, tu sais les mots, et comment on les utilise, et comment aussi ils peuvent dire les choses [...]."

Un petit village de montagne vivant en quasi-autarcie, à la frontière d'une nation conquérante. La guerre s'est terminée il y a à peine un an.

On est dans un monde inventé. Les noms, les situations sont fictifs, mais tout cela ressemble furieusement à la 2e guerre mondiale, sur fond d'occupation, de dénonciation, de déportation, de tortures, de sévices, d'avilissement qui ont été mis à jour par tant de récits de guerre. La guerre qui montre l'aspect le plus noir de chacun.

Le village a "oublié", occulté tous les événements, les actes peu glorieux de chacun. Mais les cicatrices sont encore à vif.

Un étranger arrive et toutes les plaies se mettent à suinter...

Je me suis sentie nauséeuse, par moments, comme cela m'est déjà arrivé en lisant des récits de camps de concentration, de voir à quel point l'être humain peut être monstrueux et sans empathie envers ses semblables.

Le livre pointe du doigt l'effet que peut avoir "le troupeau" sur l'individu: "Moi, je les ai vus les hommes à l'oeuvre, lorsqu'ils savent qu'ils peuvent se noyer, se dissoudre dans une masse qui les englobe et les dépasse, une masse faite de milliers de visages taillés à leur image. On peut toujours se dire que la faute incombe à celui qui les entraîne, les exhorte, les fait danser comme un orvet autour d'un bâton, et que les foules sont inconscientes de leurs gestes, de leur avenir, et de leur trajet. Cela est faux. La vérité c'est que la foule est elle-même un monstre. [...]."

Le genre de livre qui fait réfléchir...

mardi 5 janvier 2016

Maxime Chattam - Le requiem des abysses

Pocket - 608 pages

Bon, j'avais dit que je le lirais plus tard et puis Maxime Chattam, via Twitter, m'a conseillé d'enchaîner assez vite sur la suite.

Etant donné que je suis bonne élève, j'ai suivi les conseils... non, en fait, j'en mourais d'envie et mes autres "lectures en cours" me semblent un peu rébarbatives en ce moment.

Quatrième de couverture

Juillet 1900, Paris, musée de Cluny. La pleine lune révèle les ombres tapies dans les ténèbres. Un gardien fait sa ronde, chargé de protéger les antiquités, loin de se méfier de ces reliques du passé.
En marge de l'Exposition universelle, des médiums succombent et des momies se réveillent...
Août 1900, dans le Vexin. Une famille entière de paysans est retrouvée décimée selon un rituel morbide.
Témoin de ces événements étranges, l'écrivain Guy de Timée croyait que le Mal ne frappait jamais deux fois au même endroit. Il avait tort.

On retrouve donc notre écrivain en quête d'inspiration, à la recherche de la définition absolue du Mal. Il se lance dans une nouvelle enquête concernant des meurtres, à l'endroit même où il avait décidé de se mettre au vert après l'affaire précédente. Étrange coïncidence, lui qui pensait ne plus être confronté au Mal, ayant déjà croisé une fois son chemin.

Il se lance cette fois seul dans son enquête. Il n'a plus de lien avec les victimes, il pense que son "expérience" peut aider les enquêteurs. Il est attiré par le mal qui déborde du rituel accompagnant le massacre de la famille de paysans. Ses amis essayent de l'en détourner, notamment en citant Nietzche "Quiconque lutte contre des monstres devrait prendre garde, dans le combat, à ne pas devenir monstre lui-même. Et quant à celui qui scrute le fond de l'abysse, l'abysse le scrute à son tour." Mais il y tient à cette enquête, il ne peut s'empêcher de s'enfoncer de plus en plus dans les abysses de sa conscience pour comprendre ce mal qui peut prendre le dessus chez certains hommes.

Cette suite est encore plus noire que le premier volet. L'atmosphère est oppressante, les meurtres, horrifiques, le Mal est présent à chaque page... jusqu'au dénouement final. Le lien avec le précédent n'est pas évident au départ mais se tisse peu à peu.

Un excellent thriller, une fois de plus.

lundi 4 janvier 2016

Maxime Chattam - Léviatemps

Editions Pocket - 576 pages

Mon tout premier Chattam, choisi au hasard à la librairie

Quatrième de couverture

À trop désirer la mort, on y brûle son âme. Paris, 1900. Prisonnier de son succès, un écrivain décide de tout quitter pour entrer au plus profond de ses cauchemars, de ses abysses, explorer ce qu’il y a de pire en lui. Dans ce terreau de peurs se cache la matrice des monstres enfouis en chacun de nous. Un Léviathan d’ombres, un golem de violence. Guy de Timée voulait déterrer la fange, il va rencontrer le Mal. Des cercles ésotériques de la capitale aux démesures de l’Exposition universelle, le début du XXe siècle inspire à Maxime Chattam un thriller halluciné où les progrès de la science nourrissent la folie des âmes perdues en quête d’éternité. 

Une enquête palpitante dans le Paris de 1900, sur fond d’Exposition universelle. Des crimes monstrueux, un écrivain en quête d’inspiration, des virées dans les bas fonds parisiens, du très bon thriller.

Moi qui étais à la recherche de bons thrillers, je suis ravie d’avoir pris la peine de découvrir l’auteur.  

Vu sa longue bibliographie, j’ai de bonnes soirées en perspective. 

 Il y a une suite "Le requiem des abysses".

Je dois finir d’autres livres avant mais j’ai hâte de me replonger dans l’univers de Chattam.

dimanche 3 janvier 2016

Emile Zola - Au bonheur des dames

Le Livre de Poche - 544 pages
Zola, un auteur que j’aime beaucoup. Il relate la misère humaine de manière telle qu’on se dit qu’on aurait pu faire partie de ce monde, si on avait vécu dans le milieu ouvrier de l’époque. Germinal, ça pourrait se passer dans ma région minière… c’est plutôt dans le Nord de la France, en fait que ça se passe. Mais, entre le Borinage, où vivaient mes aïeux, et la région où cela se passe, il n’y a pas loin… et mon arrière-grand-père paternel était mineur… et syndicaliste! Bref, Germinal, c’est pour moi une oeuvre importante…

Au Bonheur des Dames, c’est un peu différent. On est dans le monde commercial et des employés. C’est le roman le moins noir de la série des Rougon Macquart. Le personnage principal commence dans la misère mais le sort lui est favorable, ce qui n’est pas le cas dans les autres romans…

Quatrième de couverture

Octave Mouret affole les femmes de désir. Son grand magasin parisien, Au Bonheur des Dames, est un paradis pour les sens. Les tissus s’amoncellent, éblouissants, délicats, de faille ou de soie. Tout ce qu’une femme peut acheter en 1883, Octave Mouret le vend, avec des techniques révolutionnaires. Le succès est immense. Mais ce bazar est une catastrophe pour le quartier, les petits commerces meurent, les spéculations immobilières se multiplient. Et le personnel connaît une vie d’enfer. Denise échoue de Valognes dans cette fournaise, démunie mais tenace. Zola fait de la jeune fille et de son puissant patron amoureux d’elle le symbole du modernisme et des crises qu’il suscite. Zola plonge le lecteur dans un bain de foule érotique. Personne ne pourra plus entrer dans un grand magasin sans ressentir ce que Zola raconte avec génie : les fourmillements de la vie.

Denise découvre le monde des grands magasins, seul endroit où il est encore possible de trouver un emploi, et la fin des petits commerces. Elle commence par la vie difficile des petites vendeuses et gravit les échelons, tout en restant tiraillée par les regrets vis-à-vis des petits commerçants qui l’ont hébergée à son arrivée.

C’est aussi l’histoire de la création des grands magasins, du succès commercial et financier de ceux-ci, écrasant les petits commerces, menant concurrence l’un contre l’autre, jusqu’à la victoire de celui qui se sera le plus agrandi.

C’était d’époque, lorsque Zola l’a écrit… c’est devenu un roman historique pour nous. Il y a beaucoup beaucoup de descriptions, ça c’est typique de l’auteur, mais ça permet de se mettre dans l’ambiance de l’époque. On nous fait lire Zola aux cours de Français mais c’est aussi aux cours d’Histoire contemporaine qu’il est utile.

samedi 2 janvier 2016

Jean-Michel Guenassia - Le Club des incorrigibles optimistes

Le Livre de poche - 736 pages
Un livre qu'on m'a conseillé, auquel j'ai directement accroché, d'ailleurs, je cite l'auteur:

"Il y a dans la lecture quelque chose qui relève de l'irrationnel. Avant d'avoir lu, on devine tout de suite si on va aimer ou pas."

En lisant le quatrième de couverture ci-dessous, j'ai SU que j'allais aimer.

Quatrième de couverture 

"Michel Marini avait douze ans en 1959, à l'époque du rock'n'roll et de la guerre d'Algérie. Il était photographe amateur, lecteur compulsif et joueur de baby-foot au Balto de Denfert-Rochereau. Dans l'arrière-salle du bistrot, il a rencontré Igor, Léonid, Sacha, Imré et les autres, qui avaient traversé le Rideau de Fer pour sauver leur peau, abandonnant leurs amours, leur famille, trahissant leurs idéaux et tout ce qu'ils étaient. Ils s'étaient retrouvés à Paris dans ce club d'échecs d'arrière-salle que fréquentaient aussi Kessel et Sartre. Et ils étaient liés par un terrible secret que Michel finirait par découvrir. Cette rencontre bouleversa définitivement la vie du jeune garçon. Parce qu'ils étaient tous d'incorrigibles optimistes. Il manifeste un naturel épatant pour développer une dispute à table, nous faire partager les discussions entre un Russe communiste et un Hongrois antistalinien."

Le gamin qui lit ses livres en marchant, qui dévalise la bibliothèque, ça me parle.

Par contre, je n'y connaissais rien, moi, petite Belge, à la France des années 50. La guerre d'Algérie, les immigrants, communistes ou pas, en provenance du bloc de l'Est, ça me parlait très peu. J'ai appris de nouvelles choses. J'en ai un peu appris sur Sartre et sur Kessel. Ca m'a déjà donné envie de relire Camus (quoi? quel rapport?) et de découvrir Kessel (il me semble avoir lu quelque chose de lui, il y a très longtemps, mais j'ignore quoi). De toute façon, rien que savoir qu'il a écrit Le Chant des partisans, LA chanson qui me donne des frissons, ça me donne envie de découvrir son œuvre.

L'aspect "vie parisienne" m'a donné envie de relire Les allumettes suédoises, de Robert Sabatier, portant sur le Montmartre des années 30.

Bref, un livre qui donne envie de lire... quoi de mieux?